Les Tiers-Lieux, ce n’est pas le tiers-monde
Tandis que les confinements successifs ont mis en exergue les besoins de rencontre, de faire et de vivre-ensemble et de convivialité, les Tiers lieux vont connaître un nouvel essor. Naturellement présents en milieu rural, ces lieux d’échanges et de partage sont en cours de structuration et de modernisation. D’espaces de convivialité, ils sont en pleine mutation pour accueillir et développer un tissu économique aussi dynamisant que structurant.
Le lien social des Tiers Lieux, une énergie vitale
Un temps mis en danger par l’avènement des réseaux sociaux, les tiers lieux connaissent une phase de croissance sans précédent. Le besoin irrépressible de lien social physique et non plus virtuel donne un élan inégalé à ces lieux riches et prolifiques. Ils réunissent, dans un écosystème global, des individus qui n’avaient que très peu de chances de se croiser.
Loin de toutes les politiques d’aménagement des territoires et du millefeuille administratif qui ne laisse plus de place à l’humain, toutes classes sociales confondues, des femmes, des hommes, des enfants, se sont organisés dans une véritable transversalité. Ils se sont fédérés autour de passions communes, d’envies et de générosité dans le partage et la transmission d’un patrimoine informel. C’est tout naturellement et en toute spontanéité qu’ils ont créé, sans forcément en avoir conscience, des Tiers-lieux.
Il émane de ces lieux atypiques, un dynamisme remarquable, c’est sans doute le terreau le plus fertile de l’innovation sociale de ces dernières décennies. Véritables laboratoires sociaux, culturels et économiques, les Tiers-lieux sont portés par une volonté commune. Ici, on réinvente un modèle, on donne une nouvelle entité à un quartier, à un village.
Quand les vrais talents se planquent dans les Tiers Lieux
Les vrais talents, les génies créatifs vivent, le plus souvent en marge du monde de l’entreprise. Généreux, ils ont à cœur de partager leurs parcours et leurs découvertes. Les créateurs sont adeptes des Tiers lieux dans lesquels ils se ressourcent, mais nourrissent aussi leur curiosité. Le plus souvent discrets, ces créateurs, peu ou mal compris par la société, car « ils pensent différemment » trouvent dans ces Tiers Lieux des oreilles bienveillantes, mais aussi un écosystème propice à leur développement.
Les Tiers lieux pour lutter contre l’illettrisme numérique
C’est grâce, notamment, au maillage numérique et à l’avènement de la fibre optique déployée dans les territoires que nombre de Tiers-lieux a pu voir le jour. Bien que les zones blanches tendent à disparaître, la fracture numérique, elle, en revanche reste bien présente. On estime encore aujourd’hui que, si la fracture numérique, au sens où nous l’entendons traditionnellement, ne concerne plus que 20 % des Français. Or, en y regardant mieux, on se rend compte que ce sont plus de 13 millions de Français qui avouent vivre une forme de total illettrisme numérique.
Ces femmes et ces hommes, pas toujours si âgés que ça, ne savent pas utiliser l’outil informatique et peinent à comprendre le fonctionnement de l’Internet. Loin d’être une fracture générationnelle, cette fracture numérique est le plus souvent une fracture sociale ou culturelle.
Il est plus souvent facile de pousser la porte d’un Tiers-lieux, qui a un ancrage physique, que celle d’un organisme spécifique. Là, il y a toujours quelqu’un, plein de bonne volonté qui va déployer des talents d’ingéniosité et de pédagogie pour expliquer, montrer, patiemment, avec des mots simples et accessibles, les bases de l’informatique. Alors, oui, certes, cet apprentissage ne sera peut-être pas très académique, mais au moins, il aura eu le mérite de créer un lien nouveau, d’initier, d’aider, d’accompagner, sans jugement, sans rythme imposé, sans risque d’être dérangé ou parasité.
Le coworking et le coliving des Tiers Lieux
Alors que nous sortons à peine de deux confinements successifs durant lesquels le télétravail a été de rigueur, ce mode de travail à distance a permis de révéler ses failles. Entre l’isolement des télétravailleurs, la mise en exergue des failles de l’accès au numérique et la difficulté à trouver un juste équilibre entre vie professionnelle et vie privée, les Tiers-lieux ont fait office de bouées de sauvetage. Une nouvelle conception du travail, un nouveau lieu et hop, en deux temps trois mouvements, nombre de Tiers-lieux ont fait office d’espace de coworking. Chacun a pu venir à loisir venir trouver dans ces Tiers-lieux une juste place, sa place, au point de donner une nouvelle vocation à ces espaces prompts à accueillir des travailleurs d’un nouveau genre.
En effet, si les générations X et Y avaient été biberonnées aux espaces de bureaux traditionnels, il en est tout autre de la génération Z peu encline à s’en laisser conter. En effet, les juniors, délaissent les CDI et se veulent bien plus libres et coopératifs que leurs aînés.
Ils sont là, en freelance, se créent leur propre réseau, apportent leur aide, développent leurs compétences en apprenant des autres… Ces espaces hybrides, dont ils sont souvent les initiateurs, leur ressemblent. Ouverts à tous, funs et dynamiques, un tantinet anti système, autonomes et indépendants.